Histoire
Prologue
Les Laurentides logent au cœur d’une des plus vieilles chaines de montagnes au monde. Le sol y est formé de pierres recouvertes d’une mince couche de terre arable et peu propice à l’agriculture. La forêt y est riche en conifères auxquels se mêlent quelques feuillus.
Les Amérindiens en parcourent le territoire depuis des millénaires et en exploitent ces lieux pour assurer leur subsistance. Ils vivent de chasse, de pêche et de cueillette de fruits. À l’arrivée des premiers colons, les Weskarinis appartenant à la grande famille Algonquine rivalisent avec les Iroquois qui revendiquent aussi ce territoire.
L’exploitation forestière et la colonisation transforment progressivement ce territoire de subsistance. Plusieurs des sentiers utilisés par les colons et par leurs contemporains amateurs de plein-air ont été tracés par les Amérindiens.
Son histoire est celle de ses montagnes, de ses lacs et de ses rivières.
De la pauvreté de sa terre mais de la richesse de ses espaces.
Des gens qui l’habitent et qui forgent son caractère.
Des sentiers qui en tracent les contours.
Des empreintes de raquettes effacées par celles des skis.
De l’urbanisation qui en menace l’héritage et les paysages.
Des communautés qui en préservent l’âme et la nature grandiose.
Les images et les mots qui suivent ne sont qu’un pâle reflet de cette histoire.
– Daniel Bergeron, mars 2021
Première partie : La colonisation
La colonisation des Laurentides est d’abord axée autour de l’agriculture et de l’exploitation des richesses naturelles. De nouvelles terres sont nécessaires pour héberger les colons des zones alors surpeuplées de la vallée du Saint-Laurent, de l’Outaouais et du Richelieu.
Les canadiens français migrent en majorité le long de la rivière du Nord. Se joignent à eux de nombreux compatriotes expulsés de leurs terres suite à la défaite des patriotes. La colonisation de ces nouvelles terres et marquera le début d’une période difficile en raison de la pauvreté des sols qu’ils découvriront. Augustin-Norbert Morin jouera un rôle déterminant pour faciliter, malgré tout, le développement du Nord. Le Ptit Train du Nord du Canadien Pacifique y jouera aussi un rôle crucial.
Les canadiens anglais migrent le long des terres bordant la rivière Rouge qui s’avèreront beaucoup plus fertiles et hospitalières. Le train de la Colonisation de Montford (dans l’axe de l’Actuel corridor aérobique) contribuera au développement de ce territoire en facilitant le lien entre Montréal et cette autre portion des Laurentides.
Borne en cèdre située à l’intersection des sentiers Abercrombie et Goodyear du secteur Chantecler et utilisée par l’arpenteur Owen Quinn lors de l’arpentage des terres du canton d’Abercrombie entre 1846 à 1851
1842
Colonisation du Canton d’Abercrombie
Augustin-Norbert Morin (1803-1865), fondateur du journal La Minerve, député puis premier ministre du Canada-Est (1851 à 1855) acquiert 3 800 acres de terres dans le canton canadien d’Abercrombie où il fit construire maison, moulins à scie et meunerie.
Il devient un des grands responsables de la colonisation des Laurentides et du développement de la région.
1855
Fondation de Sainte-Adèle
Le premier juillet 1855, près de 500 municipalités locales furent créées par l’adoption de « L’Acte des Municipalités et des Chemins du Bas Canada » qui devint la base du régime municipal québécois.
Sont alors institués les villages de Morin-Heights, Val-Morin et Sainte-Adèle. Ce dernier doit son nom à Adèle Raymond, épouse d’Augustin-Norbert Morin.
1891
Arrivée du premier train à Sainte-Adèle
Le « train du Nord», ainsi nommé par le curé Antoine Labelle et les employés du train pour désigner le chemin de fer du Canadien Pacifique entre Montréal et Mont-Laurier, sert au transport du bois, du bétail, des produits laitiers et du courrier.
L’ouverture des gares de Sainte-Adèle (Mont-Rolland) et Sainte-Marguerite-Station en 1892 permet aussi le transport des passagers.
Seconde partie : Les premières traces
Les européens des pays scandinaves récemment immigrés en Amériques introduisent la pratique du ski à Montréal et dans la vallée du Saint-Laurent. En 1879, The Canadian Illustrated News rapporte la randonnée d’un Norvégien, A. Birch, qui part de Montréal en ski pour joindre Québec.
Ils seront cependant rapidement attirés par l’attrait des montagnes des Laurentides dont l’accès sera grandement facilité par le train. Ils marqueront l’architecture et les paysages de nombreux villages des Laurentides où l’on retrouve encore de nombreuses maisons et auberges d’inspiration alpine.
La bourgeoisie anglophone de Montréal se laisse aussi rapidement séduire par ce nouveau sport « à la mode ». Outre les nombreux skieurs, plusieurs investisseurs montréalais s’activent au développement des lieux d’hébergement et de villégiatures des Laurentides.
La pratique du ski combine alors le ski nordique, la descente et le saut.
Maison construite en 1932 par Victor Nymark, maître-charpentier d’origine finlandaise, pour James Calder, un homme d’affaires d’origine écossaise de Montréal. Source : Pierre Dumas, 2017
1904
Fondation du Montréal Ski Club
Un groupe de professeurs de l’Université McGill fonde la première organisation dédiée à la pratique du ski nordique, le Montréal Ski Club.
On skie alors principalement sur les pentes du Mont Royal ou au parc La Fontaine mais les nouvelles liaisons ferroviaires vers les Laurentides vont permettre aux skieurs de découvrir la région et ses montagnes.
Percy Douglas est un des fondateurs du Montréal Ski Club et a guidé de nombreux groupes dans la découverte des montagnes des Laurentides.
Dans ses premières années le ski était pratiqué soit par des immigrants scandinaves ou par l’élite en quête d’aventure.
Visit of Montreal Ski Club to The Manitou Club, 1905
Source : Notman Photographic Archives, McCord Museum of Canadian History, Montreal
1905
Première randonné à ski répertoriée des Laurentides
Quatre skieur du Montréal ski club réalisent la première randonné à ski répertoriée des Laurentides en reliant Ste-Agathe-Des-Monts à Shawbridge suivant un parcours de 34 km le long de la voie ferrée du Ptit train du Nord.
Ce parcours gagnera en popularité auprès des skieurs les plus téméraires qui, arrivant de Montréal, débarquent à Sainte-Agathe-des-Monts, parcourent les sentiers jusqu’à Shawbridge, juste à temps pour prendre le train de retour vers Montréal.
L’usage des bâtons de ski est encore très variable à cette époque.
1911
Premier instructeur professionnel enseignant le ski au Canada
Le Laurentides Inn de Sainte-Agathe-des-Monts recrute, en Suisse, l’instructeur professionnel Émile Cochand (1890-1987) pour y enseigner le ski.
Disposant d’une centaine de paires de skis et de bâtons, il enseigne les techniques du ski alpin, du ski de fond et du saut à ski.
La Première Guerre mondiale force la transformation de l’hôtel en hôpital de convalescence et met fin aux activités de Cochand à Sainte-Agathe-des-Monts.
Émile Cochand, 1911
Source : Musée canadien du ski
Le Chalet Cochand, vers 1937
Source : Carte postale par Ludger Charpentier, oblitérée en février 1938, collection Marc-Gabriel Vallières
1915
Ouverture du Chalet Cochand
Émile Cochand fonde le Chalet Cochand en 1915 et construit un barrage pour former un lac avec le marécage qui se trouve de l’autre côté du chemin créant ainsi le Lac Lucerne à la limite des villages de Sainte-Marguerite et de Sainte-Adèle pour y enseigner le ski et développer les infrastructures nécessaires à sa pratique (pistes, sentiers, sauts).
Le Chalet Cochand devient l’épicentre de la pratique du ski dans les Laurentides et connaîtra son âge d’or durant les années 1930, alors qu’on installe le J-Bar, première remontée mécanique du genre au pays (1936), puis le premier télésiège (1938).
Le complexe sera vendu en 1966 et deviendra par la suite l’Auberge Yvan Coutu, puis l’Auberge Lac Lucerne, avant d’être démoli en 1990.
1916
Construction de l’Alpine Inn
Un hôtel en bois rond de 35 chambres est construit sur le site du St-Margaret Golf & Winter Club.
Il prendra le nom d’Alpine Inn en 1936 et, suite à un incendie, sera reconstruit en 1939.
La renommée du St-Margaret Golf & Winter Club et le chalet Cochand vont permettre à la bourgeoisie anglophones de découvrir les secteurs de Riverdale, Glen Wexford et Deauville à proximité de la gare de Sainte-Marguerite.
C’est le cas des Holt, Timmins, Beaumont, Sharp, Molson, Gravenor et Purvis qui y établissent de vrais domaines. On désignera notamment la maison de Arthur B. Purvis construite en 1929, de « Château ». Le gouverneur-général du Canada y est venu plusieurs fois.
1920
Fondation du Laurentian Cross Country Ski Club
Le club établi son quartier général et clubhouse au Chalet Cochand. Les membres du club ont contribué activement au développement du réseau de ski fond qui entoure le site et qui compte alors près de 100 km de sentiers.
Le secrétaire du club, Clarence A. Munson cartographie ce réseau. Une piste porte encore son nom aujourd’hui.
1923
Fondation du Laurentian Lodge Club
Le Laurentian Lodge Club est fondé par un regroupement de skieurs anglophones de Montréal.
La maison de ferme Beverly Farm située à Shawbridge est alors transformée en maison d’invités. Parmi les fondateurs du club sélect, on retrouvait notamment Jackrabbit Johannsen. Situé en face de la Big Hill, ce lodge est parmi les plus anciens des clubs de ski avec résidences en Amérique du Nord.
De nombreux sentiers de ski partiront de cet endroit pour rejoindre Saint-Sauveur et Sainte-Adèle.
Le Laurentian Lodge Club, un club privé de ski de fond de 1923 à 2016, est maintenant l’Auberge Laurentienne qu’il est possible de louer pour de court séjour.
1926
Début des trains de neige du CN et du CP
C’est la naissance des premiers trains des neiges, ces convois remplis de skieurs, qui partent de Montréal le vendredi soir et se dirigent vers Shawbridge, Sainte-Adèle, Sainte-Agathe et plus tard Mont-Tremblant.
L’appellation «P’tit Train du Nord» apparaît avec l’usage du train qui devient davantage lié au transport de passagers.
1928
L’hôtel Rochon devient la Maison blanche
En bordure de la rue Morin, sur le site de l’actuel parc de la famille, Grégoire Rochon construit sa maison en 1910. Avec la venue des premiers touristes, la demeure se transforme en hôtel et prend le nom de maison Blanche en 1928.
De 1928 à 1939, cet hôtel va opérer une petite station de ski située à l’extrémité nord de son terrain qui, quelques années plus tard, prendra le nom de Côtes 40-80 (le nom viendrait des numéros de cadastre de l’époque).
Cet hôtel deviendra le Sainte-Adèle Lodge en 1939 puis l’hôtel Montclair dont le domaine sera finalement démembré puis l’hôtel démoli en 1969.
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1929
Embauche de Herman Smith-Johannsen par la Laurentian Resort Association
La Laurentian Resort Association, qui regroupe les principaux hôteliers de l’époque, fut fondée en 1924 pour promouvoir la région et le ski. Elle organise notamment un « ski show » à New York dans les années 1930.
L’association va même s’occuper de déblayer les routes, l’hiver, pour les hôtels jusqu’au début des années 40. Parmi les membres fondateurs se trouvent notamment Emile Cochand, Victor Nymark et Fred Stanfield.
De retour à Montréal après un séjour aux États-Unis, Herman Smith-Johannsen est engagé par la Laurentian Resort Association pour prendre charge du traçage, de l’entretien et du balisage des sentiers autour et entre les principaux centre de ski de l’époque.
1929
Aménagement du sentier Gillespie
Les membres de la famille Kerr-Gillespie aménagent ce sentier pour aider les enfants à se rendre de la ferme familiale à l’école de Sainte-Agathe-des-Monts. Deux ans plus tard, le sentier s’allongera pour joindre Val-David, l’hôtel Far Hill’s Inn à Val-Morin et se terminer au Chalet Cochand.
Ce sentier reprend d’anciennes pistes amérindiennes qui s’étaient reboisées. Il deviendra plus tard l’épine dorsale du réseau de ski de fond de Sainte-Agathe-des-Monts et de Val-David en plus d’être réputé être l’un des sentiers les plus accidentées des Laurentides.
Les balises qui en jalonnent le parcours sont à l’effigie du drapeau suédois, soit une croix jaune sur fond bleu. On voit encore parfois ces repères.
Troisième partie : Les débuts d’une révolution
L’invention puis le déploiement des remonte-pente mécaniques au début des années 30 coïncide avec un important développement des sentiers de ski reliant les villages et auberges des Laurentides.
Le ski alpin se distingue dorénavant du ski de fond et tous deux deviennent très populaire auprès de la bourgeoisie anglophone de Montréal. La raquette utilisée par les colons francophones qui habitent dans le nord côtoie maintenant les skieurs aux abords des villages.
Le ski entraîne un développement si important dans Les Laurentides que les hommes ne montent plus dans les chantiers au cours de l’hiver, mais travaillent dans l’industrie du ski.
Bref, le ski façonne le mode de vie des habitants du Cœur des Laurentides.
1930
Le Foster’s folly : le début d’une révolution
Alexander Foster installe le long de la Big Hill de Shawbridge, un remonte-pente à câble actionné par une automobile de marque Dodge montée sur des blocs de bois. Le pneu de l’une des roues arrière est enlevé et un câble fixé à une poulie attachée à un arbre en haut de la côte y est enroulé. À la même époque, Moïse Paquette de Sainte-Agathe a une idée similaire sur la Baumgarten Hill.
Ces remonte-pente mécaniques représentent une première en Amérique et initieront le développement de très nombreux centre de ski dans les Laurentides.
Un important réseau de sentiers de ski reliant ces centres est aussi sur le point d’apparaitre.
On distinguera désormais le ski alpin du ski de fond.
1930
Carte du réseau par Paul D’Allmen
Cette première carte détaillée du réseau de ski et du la géographie des Laurentides réalisée par Paul D’Allmen jette les bases de la cartographie des sentiers de ski des Laurentides.
Elle mesurait un peu moins de quatre pieds carrés et couvrait 800 km2 de terrain et d’innombrables kilomètres de pistes de ski.
On y retrouve les premiers grands lieux d’hébergement de l’époque, dont le Laurentian Inn de Sainte-Agathe, le Chalet Cochand, le Alpine Inn, le Chantecler et l’Auberge Chiriotto de Sainte-Adèle, l’Hôtel Bellevue de Morin-Heights et le Laurentian Lodge Club de Shawbridge.
Le Endre’s cabin, situé au sommet du Mont Loup Garou y est aussi indiqué. Ce refuge, restauré dans le cadre du programme Katimavik, existe encore aujourd’hui et représente un lieu signature du Parc du Mont Loup Garou.
Le tracé de plusieurs des grands sentiers patrimoniaux de ski y est aussi cartographié.
1931
Cambridge ski team scores over Oxford
– New York Times, 27 décembre 1931
En 1931, l’équipe de ski Redbirds de McGill accueille les étudiants des universités de Cambridge et d’Oxford dans les Laurentides.
Cette première compétition avec des européens montre aux canadiens à quel point le ski est développé en Europe. Les britanniques se distinguent notamment avec des ski dotés de carres en métal.
La piste Oxford-Cambridge existe encore aujourd’hui et est entretenue par PASA.
1932
Aménagement du sentier Maple Leaf
La piste Maple Leaf, aménagée par Herman Smith-Johannsen, alias Jackrabbit, et son fils Bob relie sur 120 km, les principaux centre de ski entre Shawbridge et Chute aux Iroquois (ancien nom de la municipalité de Labelle).
Elle donne la première impulsion au ski de fond, qui s’est ensuite développé dans tout le pays.
Son tracé original fut détruit en grande partie lors de l’aménagement de l’actuelle autoroute 15.
Certaines portions demeurent encore intactes, notamment du Lac Lucerne à Val-David.
1933
Carte du réseau par Paul D’Allmen
Sur cette carte de la Canadian Amateur Ski Association, apparaissent dorénavant l’auberge Sun Valley de Val-Morin et le Sainte-Adèle Lodge.
Les grands sentiers patrimoniaux des Laurentides y sont clairement nommés et leur tracé se précise. On y retrouve notamment les sentiers Maple Leaf, Oxford & Cambridge, McGill Outing Club (MOC), Johannsen East, Maribou, Loup Garou.
On y voit aussi que le chemin du Paysan s’appelle alors le « Second Range » et se prolonge dans l’axe de l’actuel chemin de ferme emprunté par le sentier CCC. Le mont Chantecler s’appelle encore Mactaggart à cette époque.
Bien que la carte soit datée de 1933, l’ajout des sentiers de ski est vraisemblablement postérieur à 1939 car y apparaissent le club Mont Gabriel construit en 1935 et le sentier MOC qui réfère au McGill Outing Club fondé en 1936 et le Sainte-Adèle Lodge construit en 1939.
L’auberge du Mont Gabriel vers 1945
Source : Carte postale anonyme, Collection de Marc Gabriel Vallières
1935
Construction de l’hôtel Mont-Gabriel
Sur la carte des pistes de ski de fond de 1931 produite par Paul d’Allmen («Laurentian ski Map»), on peut voir l’inscription « Barn Hill » à l’emplacement actuel du Mont-Gabriel.
Le Marquis Nicolò degli Albizzi acquièrent pour dame Marie-Joséphine Hartford, riche héritière de la Nouvelle-Angleterre, les lots 534 à 540 de «Côte Saint-Gabriel sud-ouest » et les lots 1 à 7 de « CôteSaint-Gabriel » entre 1934 et 1936.
Herman Smith-Johannsen est consultant dans le développement du Mont-Gabriel, d’abord construit comme la station privée de ski dotée d’une très confortable auberge avec un immense foyer.
En 1941, le site est vendu à la Mont-Gabriel Resort Limited et deviendra un club privé.
En 1952, avec l’acquisition du site par Herbert O’Connell, l’auberge et le centre de ski sont ré ouverts au public et prennent leur essor.
1936
Foundation du McGill Outing Club (MOC)
Le MOC organise des sorties de skis dans les Laurentides et établi ses quartiers à Shawbridge en raison de son accès facile au P’tit Train du Nord, sa proximité d’un grand réseau de pistes de ski de fond et son aspect encore peu développé au plan commercial.
Sous la direction d’Herman Smith-Johannsen, le MOC s’est impliqué dans l’entretien d’un vaste réseau de sentiers autour de Shawbridge, dont le sentier MOC qui reliera les gares de Shawbridge et de Sainte-Marguerite-Station du côté est de la rivière du nord.
Le premier hôtel Chantecler en été
Source: Carte postale anonyme Collection de Marc Gabriel Vallières
1938
Inauguration de l’hôtel Chantecler
Une petite auberge a été érigée sur le site entre 1913 et 1915 par Herbert Matley. Acquis par la famille Thompson en 1924 et 1925, il est agrandi en 1938.
Le développement et la croissance du village de Sainte Adèle ont commencé en 1938 avec l’ouverture du « nouvel » hôtel Le Chantecler, une auberge de 45 chambres sur les rives du lac Rond.
Le complexe deviendra rapidement un centre de villégiature recherché de classe mondiale.
1939
Inauguration du Sainte-Adèle Lodge
L’hôtel Maison Blanche est démoli et remplacé par le Saint-Adèle Lodge par Tom Potter, qui possédait aussi l’Alpine Inn.
Célèbre pour son « Red Room » et l’aménagement des pavillons The Pines et The Cedar, un nouveau concept de développements immobiliers adjacent au site est aussi développé.
L’auberge Alpine reconstruite vers 1940
Source : Carte postale anonyme, Collection de Marc Gabriel Vallières
1939
Reconstruction de l’hotel Alpine Inn
Le Alpine Inn brûle en octobre 1939 et pour respecter les réservations du temps des fêtes, Victor Nymark qui venait de terminer le Château Montébello, est chargé de reconstruire l’hôtel.
L’hôtel est terminé pour Noël.
Tom Potter, qui possédait à la fois le Sainte-Adèle Lodge et l’Alpine Inn, fait parti des principaux responsables du développement du ski dans les Laurentides.
1939
Construction de l’hôtel Nymark
D’origine finlandaise et constructeur de bâtiments en bois rond, Victor Nymark émigré au Canada en 1924, fonde le Saint-Sauveur Ski Club en 1934.
Il travaille à la construction du célèbre Château Montebello ou le Seignoiry Club, dont les plans ont été dessinés par l’architecte Harold Lawson. Victor Nymark a aussi participé à la construction de l’Hôtel Mont-Gabriel de de l’Alpine Inn.
Il construira aussi le Nymark Lodge de Saint-Sauveur en 1939
Les pentes 40-80 vers 1945
Source : Carte postale attribuée à Édouard Comellas, Collection de Marc Gabriel Vallières
1939
Un « rope tow » est installé aux Côtes 40-80
De 1928 à 1939, l’hôtel Maison Blanche opérait la station de ski qui était aussi connu sous le nom de « Maison Blanche ».
En 1939, le petit centre de ski présent sur le site du Sainte-Adèle Lodge prend le nom de Côtes 40-80 et un câble «rope-tow » y est installé.
La ville de Sainte-Adèle en fait l’acquisition en 1969 au coût de 140 000 $ auprès de la « Ste Adèle Heights Ski Hills ltd » et de « Marigot Investments Limited corps ».
Une rumeur circule à l’effet que cette acquisition découle d’un don de Charles Bronfman qui stipulerait que la pratique du ski doit y être préservée. Aucune trace de cette clause n’apparait cependant aux actes d’achat.
Ce centre sera en opération jusqu’en 2008. La pratique du ski durant l’hiver y est encore possible même si la remontée mécanique a disparu.
1939
Carte du réseau par Clarence A. Munson
Cette carte du Laurentian Cross Country Ski Club présente le réseau de sentiers développé par ce club autour du Chalet Cochand.
Les autres grands sentiers comme La Maple Leaf, la Maribou et la Alpine y apparaissent aussi en traits fins.
1939
Carte du Laurentian Ski Map
Cette carte de la Laurentian Map Company offre un portrait différent des cartes produites jusqu’alors.
Comme pour la carte du Laurentian Cross Country Ski Club, une emphase particulière est apportée aux sentiers qui entourent le Chalet Cochand.
Alors que le nom de plusieurs sentiers y est bien illustré, ceux de la Maple Leaf et de la Loup-Garou n’y apparaissent pas encore bien que leurs tracés y soient. On aperçoit aussi le sentier Western pour la première fois.
Le sentier Sac-au-Dos apparait aussi. Il donne accès à la colonie de vacances du même nom située près du lac Bouthillier. Cet endroit tire son nom de la société « Les Sacs-au-Dos de 1914 » qui prendra plus tard le nom de « L’Association des Anciens Combattants Français ». Les terrains achetés le 8 décembre 1918 servirent d’abord de lieu de repos et de convalescence pour les combattants qui rentraient du front. On y aménagera par la suite une colonie de vacances pour les enfants d’anciens combattant français jusqu’en 1988.
1939
Publication du «Sweet Caporal skiers book»
Guide et cartes des sentiers de ski des Laurentides produit par Herman Smith-Johannsen et publié de 1939 à 1948 pour populariser la pratique du ski dans les Laurentides.
Ce guide est contient notamment une mosaïque de 8 cartes décrivant en détails les principaux sentiers qui voisinent le Maple Leaf.
On y retrouve les sentiers Maple Leaf, Shepherd, Munson, Maribou, Gillespie, Johannsen east / west, Loup Garou
1940
Carte du réseau par Georges F Hemsley
Plus de 1600 km de sentiers de ski sont balisés et forment un véritable réseau entre les villages des Laurentides :
Le sentier Maple Leaf relie notamment :
- le Maple Leaf Inn de Shawbridge,
- le Nymark et The Pub de Saint-Sauveur,
- le Mont Gabriel, le Chantecler, le Saint-Adèle Lodge, le Alpine Inn et le Chalet Cochand de Sainte-Adèle,
- le Far Hills de Val-David,
- le Pinehurst Inn et le Sun Valley de Val-Morin,
- le Laurentides Inn de Sainte-Agathe,
- Le Montagnard de Saint-Faustin,
- Le Grey Rocks, Le Pinoteau et le Lodge de Mont-Tremblant.
L’apogée d’un grand réseau inter centres apparait sur cette carte.
1954
Carte-guide des Laurentides
Cette carte du Comité de ski de la zone Laurentienne illustre l’ampleur du réseau de sentiers inter-centres.
Les municipalités inter reliées y apparaissent clairement mais les lieux d’hébergement qui autrefois articulaient le réseau de sentiers ont disparus.
On aperçoit aussi une nouveauté qui apparait à Morin-Heights : des sentiers en boucles destinés à l’entrainement des athlètes du ski de fond.
Quatrième partie : L’urbanisation
L’ouverture de l’autoroute des Laurentides représente un tournant important de l’histoire des Laurentides, des activités de villégiature qui s’y pratique et du mode de vie qui s’y installe.
Plusieurs sites ont été en partie détruits par l’aménagement de cette voir rapide, dont le sentier Maple Leaf, la piste Big Hill de Shawbridge, le versant est du centre de ski Sun Valley.
Les grands hôtels sont progressivement délaissés en raison de la facilité nouvelle des aller-retour en voiture depuis Montréal.
L’urbanisation s’y accélère, les pentes jadis dégagées se reboisent progressivement et plusieurs petits centres de ski sont démolis pour faire place au développement immobilier
Morin-Heights, vue du mont Bellevue depuis le secteur situé au nord est, dans les années ’40. Source : The Evolution of Ski Trails in the Laurentians, James Jackson. Morin Heights Historical Association
1964
Ouverture de l’autoroute des Laurentides
Le développement résidentiel des Laurentides prend son envol dans les années 50. Les villégiateurs affluent de partout.
Cet envol est notamment du à la route 11 construite à partir de 1920 pour relier Montréal à Mont Laurier. Elle sera déneigée jusqu’à Sainte-Agathe en 1937 puis Mont Tremblant en 1941. Et enfin asphaltée jusqu’à Sainte-Adèle en 1945.
La route 11 deviendra l’actuelle route 117 ainsi que l’autoroute 15 au milieu des années 60.
L’aménagement de cette grande autoroute force le démantèlement de nombreuses pentes et sentiers de ski, dont la vénérable Maple Leaf.
1960-2000
La route du changement
Plusieurs sites sont détruits pour l’aménagement de l’autoroute des Laurentides, dont le sentier Maple Leaf, la piste Big Hill de Shawbridge et le versant est du centre de ski Sun Valley.
Les grands hôtels sont aussi progressivement délaissés en raison de la facilité nouvelle des aller-retour en voiture depuis Montréal qui permet dorénavant de visiter les Laurentides sans devoir y séjourner pour la nuit.
Plusieurs d’entre eux sont fermés, vendus puis démolis. Les petits centres de ski ferment progressivement au profit des plus grands centres.
Comme pour les agriculteurs qui vendent progressivement leurs terres peu fertiles, les petits centres de ski sont souvent vendus à des promoteurs et font place au développement de résidences secondaires très prisées des citadins à la recherche de grands espaces mais qui souhaitent en profiter privément.
1960 à 2000
Les paysagers se transforment
L’urbanisation s’accélère.
Les paysages se transforment.
Les pentes jadis dégagées se reboisent.
La friche repousse les terres déboisées. Les routes se déneigent. Les espaces urbanisés germent dans les champs.
Les grands espaces se morcellent. La cime des montagne se privatise.
Les sentiers s’atrophient
1981
Fin du service de trains
Le Ptit Train du Nord, épine dorsale du développement des Laurentides supporte mal le développement du réseau routier qui relie maintenant Montréal aux Laurentides. Délaissé par sa clientèle, le service est interrompu une première fois en 1960.
Un train spécial de passagers traverse de manière exceptionnelle les Laurentides depuis Montréal pour fêter les 100 ans de Herman «Jack Rabbit» Johannsen. Plus de 1000 skieurs envahissent le village de Val-David autour de la gare pour cet événement du 9 mars 1975
Le service reprend en 1977 avec la création de VIA Rail puis cesse définitivement ses opérations en 1981 alors qu’un dernier voyage a lieu le 8 novembre.
En 1995, le Canadien Pacifique cède l’emprise de la voie au Ministère des Transports du Québec qui la conserve pour usage futur.
1982
Carte-guide des Laurentides
Cette carte de la zone de ski Laurentienne illustre à nouveau l’ampleur du réseau de sentiers inter-centres.
Les municipalités inter reliées ainsi que les principaux centres de ski de randonné y apparaissent clairement.
Cinquième partie : La préservation
L’urbanisation accélérée des années ’60 et ’70 ayant grandement affectée ce qui a longtemps fait la marque des Laurentides, de nombreuses actions sont entreprises pour préserver les espaces naturels encore disponibles afin de les rendre disponibles aux amateurs d’activités de plein-air en plus d’y préserver la faune et la flore qui s’y trouve.
Ces activités concernent la création et la préservation des parcs et sentiers patrimoniaux.
1987
Les sentiers du Père Eddy
Au début des années 1970, un premier sentier (re) défriché par Jean-Paul (Eddy) Fortier relie Mont-Rolland à Piedmont. Un première carte des sentiers de randonnée de Mont-Rolland suivra en 1976.
En 1987, il cofonda le « Relais du Père Eddy ». Il est aussi l’initiateur des pistes Fortier, Whizzard, Colline, Sigouin, Elan et Bruno.
1989
Fondation de Plein-Air Sainte-Adèle
Organisme maintenant mondialement reconnu sous l’acronyme PASA et dont les membres fondateurs sont : Jocelyne Boudreault, Martine Meloche et Brigitte Pelletier.
En 2020, PASA c’est 120 km de sentiers de ski de fond, 50 km de raquette, 50 km de vélo de montagne, 38 km de fatbike et 23 km de randonnée.
PASA c’est aussi 15 administrateurs bénévoles et près de 1 100 membres qui développent, soutiennent et profitent des activités des plein-air à Sainte-Adèle.
1995 à 2020
Des parcs voués à la préservation du patrimoine naturel et aux activités de plein-air
1969 – Acquisition des Pentes 40/80 par la ville de Sainte-Adèle
1996 – Inauguration du parc linéaire du «P’tit train du Nord»
2005 – Parc Basler sur le site du Mont Bellevue à Morin-Heights
2006 – Parc régional Dufresne à Val-David et Val-Morin
2015 – Forêt Héritage à Sainte-Anne-des-Lacs
2016 – Réserve Naturelle Alfred-Kelly à Piedmont, Prévost, Saint-Hippolyte
2017 – Parc de la Doncaster (acquisition des terrains par la ville de Sainte-Adèle)
2020 – Annexion du Mont Tyrol au Parc Roger Cabana à Saint-Hippolyte
2020 – Parc du Mont Loup Garou à Sainte-Adèle
Autres initiatives en développement
Projet de Parc au Cap Molson à Saint-Sauveur
Projet de Parc du Monts Kaaikop à Sainte-Lucie-Des-Laurentides
1996
Inauguration du parc linéaire du «P’tit train du Nord»
Le parc linéaire du P’tit Train du Nord est d’une longueur de 201 km de Saint-Jérôme à Mont-Laurier. Au sud de Saint-Jérôme, ce parc se transforme en piste cyclable longeant la ligne de train encore en fonction.
Au cœur des Laurentides, il permet notamment la pratique du ski de fond l’hiver et du vélo l’été.
À l’image du train qui l’a précédé, il représente l’épine dorsale du réseau de sentiers qui anime les Laurentides.
Il est aussi au cœur d’un large élan de préservation du patrimoine naturel et de développement des activités de plein-air qui ont fait la renommé des Laurentides.
2000
Les sentiers MICA
Michel Careau initie en 2000, l’aménagement d’un réseau de plus de 30 km de sentiers de vélo de montagne sur des propriétés privées dont les propriétaires permettent l’accès de façon volontaire. Une transition graduelle vers PASA est initiée en 2020 afin de pérenniser ce réseau.
Mica représente un des premiers réseaux de vélo de montagne à voir jour dans les Laurentides. Cette initiative témoigne de la popularité grandissante de cette pratique dans les Laurentides comme ailleurs dans le monde.
Ce sport influence et stimule de manière importante le développement des lieux de plein-air des Laurentides. Le besoin de revoir le partage des sentiers entre les différents utilisateurs se réaffirme à nouveau… un peu à l’image du partage des sentiers d’antan entre la raquette et le ski !
Cette initiative témoigne enfin de l’importance mais aussi de la fragilité des ententes avec les propriétaires fonciers pour la création et la pérennisation des sentiers.
2004
Vélo de montagnes au Chantecler
De 2004 à 2008, une coupe du Québec de vélo de montagne est organisée au Chantecler.
Les pistes utilisées avaient été aménagées par une petite communauté d’amateurs qui gravitait autour de la Boutique Espresso Sports. Les sentiers vers l’Hôtel et Gros Cap ont été les premiers construits sans permission officielle…
Par la suite, le propriétaire du Chantecler a permis à la Ville de Sainte-Adèle d’utiliser son terrain. Le développement des sentiers de vélo de montagne s’est alors poursuivi par l’intermédiaire de Plein-Air Sainte-Adèle (PASA) qui les cartographie et en assure la couverture d’assurances responsabilités.
Le site du Chantecler est encore une référence au Québec pour la qualité et l’étendue de son réseau qui permet, outre le vélo de montagnes, la pratique de la randonnée, du ski de fond, de la raquette et du vélo hivernal.
2014
Fondation de la Société de Plein-Air des Pays-d’en-Haut
En 2014, la MRC des Pays-d’en-Haut crée la SOPAIR pour assurer la conservation, la pérennité, l’accès et le développement des sentiers de plein air et espaces récréatifs sur le territoire de la MRC.
En 2017, elle adopte une Politique de protection et d’accès aux sentiers.
De nombreux efforts ont été déployés depuis les 30 dernières années pour la création de grands espaces protégés permettant de maintenir la pratique des activités de plein-air qui font la renommée des Laurentides.
Les efforts se tournent maintenant vers la restauration et la protection des grands sentiers patrimoniaux qui reliaient, jadis, les hôtels et villages des Laurentides et qui devraient désormais relier les grands centres de plein-air nouvellement créés.
2015
Vélo de montagnes aux Pentes 40-80
La pratique du ski aux Pentes 40/80 existe depuis les années ’20.
Le site a été acquis par la ville de Sainte-Adèle grâce à un don de Charles Bronfman qui stipule que la pratique du ski doit y être préservée.
Le centre de ski cesse ses opérations en 2008 mais la pratique du ski y est toujours possible.
Des pistes de vélo de montagne y ont été aménagés par PASA en 2015 grâce à un financement de la Ville de Sainte-Adèle, de la MRC des Pays-d’en-Haut et de Mountain Equipment Coop (MEC).
2017
Acquisition du Parc de la rivière Doncaster
En 1923, la Laurentian Hydro Company érige un barrage sur la rivière Doncaster et construit une centrale électrique.
La centrale cesse ses opérations en 1974 et les installations sont démolies dans les années 1980.
Une première entente intervient en 1979 avec Hydro-Québec pour l’accès au site puis l’aménagement du parc le long de la rivière à la fin des années 1990.
Les terrains sont finalement acquis par la ville de Sainte-Adèle auprès d’Hydro-Québec en 2017.
2020
Parc du Mont-Loup Garou
ntLes activités de plein-air ont été au cœur du développement des Laurentides en général et de Sainte-Adèle en particulier.
Le Parc du Mont Loup-Garou est né de la volonté de préserver une large place aux activités de plein-air à Sainte-Adèle.
Il est notamment marqué par l’acquisition, en 2017, du terrain où se trouve le sommet du mont Loup Garou et le refuge du même nom auprès de M. Bruce Foy. Au fil des ans, la famille Foy a autorisé le développement de plusieurs kilomètres de sentiers dans ce secteur.
La campagne de levée de fonds pour l’acquisition des terrains de ce parc complétée en 2020 a permis de recueillir 1 M $ en dons et subventions qui s’ajoute à un investissement du même montant par la municipalité.
Ce parc couvre une superficie de plus de 788 acres. Il se trouve aussi au carrefour d’un grand nombre de sentiers reliant les grands centres de plein-air des Laurentides.
2020
Réseau de sentiers de PASA
PASA c’est 120 km de sentiers de ski de fond, 50 km de raquette, 50 km de vélo de montagne, 38 km de fatbike et 23 km de randonnée.
Les sentiers se concentrent aux endroits suivants :
Les sentiers patrimoniaux CCC, Fleur-de-Lys, Sheppard, Maple Leaf, Oxford-Cambridge, Johannsen, Western, Whizzard et Loup-Garou y sont notamment identifiés.